Frédérique LeBel, instructrice au Labo des Langues et collaboratrice au Blog, nous fait part des hauts et des bas de l’enseignement pendant une semaine.
J’ai été engagée en tant que professeure pour l’été 2020 au Centre d’art de Préville, avec la tâche d’enseigner aux enfants de 8 à 16 ans le français ou l’anglais de conversation. Quand j’ai commencé à planifier mon cours, je pensais que le camp durerait six semaines, la durée de mon contrat, avec les mêmes élèves. On m’a ensuite dit que j’enseignerai une semaine avec les mêmes enfants seulement, puis j’aurai un autre groupe.
Avec cette information vint deux choses. En premier, du soulagement. Planifier un cours de six semaines est beaucoup plus difficile qu’un cours d’une semaine. En deuxième, de la tristesse qu’après une semaine seulement, je ne reverrai plus jamais ces élèves. Gardant ces sentiments en tête, j’ai ajusté mon plan de classe (une fois que j’ai commencé à enseigner, j’ai vu que trop se préparer n’est jamais utile, car mon plan de classe évolue continuellement).
Les cours commencent.
Lundi est la journée la plus inconfortable. Les enfants ne me connaissent pas, et je ne les connais pas non plus. J’essaie de les faire parler pendant quarante-cinq minutes. Je pose des questions sur leurs intérêts, leur famille, ce qu’ils aimeraient améliorer pendant la semaine. Répétez deux ou trois fois, selon le nombre de personnes inscrites. La journée se termine, je planifie la prochaine, en gardant en tête ce que mes élèves aiment faire et ce qu’ils veulent apprendre.
Mardi, je vois plus de sourires. Ils sont plus à l’aise avec moi, malgré qu’ils fassent essentiellement ce qu’ils feraient à l’école même si les vacances d’été battent leur plein. Je suis aussi plus à l’aise avec eux. Ma voix se détend, je me laisse rire. Je pense qu’ils remarquent le changement.
Mercredi et jeudi sont de mieux en mieux. Parfois, les étudiants me montrent des choses de leur propre gré. Ils répondent à mes questions avant même que je puisse les poser. Durant l’un de mes cours un après-midi, un de mes élèves a ouvert la bouche pleine de fromage mâché et l’a montré fièrement à la caméra, comme pour me dire tu ne m’amèneras pas à coopérer. Plus tard pendant le cours, il riait avec moi et l’autre élève, participant pleinement et me répondant quand je lui parlais.
Vendredi arrive. La réalisation que je ne reverrai probablement jamais ces enfants commence juste avant que j’ouvre ma caméra pour mon cours de 10h. C’est mon dernier jour avec eux, je pense. Le cours se passe bien. Quarante-cinq minutes passent comme un éclair, et juste comme ça, c’est fini. Les élèves quittent l’appel et je reste quelques minutes silencieuses dans une classe virtuelle vide.
